Kasaï Central : L’histoire des Bakua Kepi et l’origine du territoire de Kazumba

Les Bakua Kepi occupant une importante partie de la commune rurale de Kazumba au bord de la rivière Miao constituent l’une des grandes tribus du territoire de Kazumba dans la province du Kasaï Central au centre de la République Démocratique du Congo.

L’histoire de ce groupement remonte de la vieille séparation des communautés dite de »Nsanga’lubangu ».

Dans un entretien exclusif et spécial avec Actu-Services.Com, Jean-Paul Luyamba Mafuta, actuel chef de ce groupement a détaillé avec brio l’histoire de Bakua Kepi.

La signification du nom Kepi

Le nom « Kepi » contenu dans la nomenclature de la Tribu de « Bakua Kepi est le nom propre de l’ancêtre de ce groupe ancestral de personnes.

L’histoire retient que Kepi avait pour enfants : Kombayi, Tshimpanga, Lukusa et Kapinga Mulume.

De Kombayi viennent les Bakuafi qui occupent jusqu’à présent le village Kasanji.

De son côté, Tshimpanga a donné naissance à Mpiana et Kapuku. De ceux-ci, viennent ceux qu’on appelle aujourd’hui les « Bakua Tshikota ».

Les « Bena Mbuluku » viennent, quant à eux, de Lukusa.

Kapinga Mulume est, pour sa part, l’ancêtre de Bakua Diyaya.

Origine

L’histoire précise que la migration des peuples remonte du désert de Sahara depuis le deuxième siècle. Toutefois, il est difficile de raconter fidèlement l’histoire d’une Tribu ou d’un peuple depuis le désert du Sahara jusqu’à ce jour. Plusieurs tribus et peuples du centre de la République Démocratique du Congo préfèrent bien commencer par l’histoire magique de Nsanga’lubangu.

Selon Jean-Paul Luyamba, surnommé en coutume « Kasanji », les Bakua Kepi sont encore l’une des branches de « Bajila Kasanga », tribu dont tant d’autres tirent leur origine.

Les peuples du Kasaï proviennent de Nsanga’lubangu, lieu retrouvé au niveau des lacs Upemba et Kisale. Les Bakua Kepi aussi.

Quittant Nsanga’lubangu, ils sont arrivés à Miabi où ils sont restés un peu plus longtemps avant de traverser la rivière de Bushimayi.

Après avoir traversé cette rivière, les Bakua Kepi se sont dirigés vers Malandji. Ici, ils commencèrent à emprunter les uns comme les autres la direction du choix.

Chef Kasanji révèle que les progénitures de Kapinga Mulume appelés Bakua Diyaya, « clan benjamin » avaient opté de traverser la rivière Kabue plus précisément l’endroit appelé actuellement Mukalanga ou certains d’eux continuent à être.

Un autre groupe constitué de descendants de Tshimpanga appelés « Bakua Tshikota » optèrent de traverser Moyo Munsantu tandis que les Bakuafi, descendants de Kombayi et les Bena Mbuluku, progénitures de Lukusa ont poursuivi ensemble leur marche jusqu’à Kanyiki où ils restèrent quelques temps.

En 1884, Von Wiseman installa le Poste de Malandji. Cependant, les gens devraient habiter autour du Poste. C’est ainsi qu’en 1890 que les Bakuafi et les Bena Mbuluku recommencèrent ensemble leur pèlerinage jusqu’à arriver à Kapaya en passant par les villages Kabuele et Tshitambu.

Ce parcours a vu l’absence totale des descendants du benjamin de Kepi répondant au nom de Kapinga Mulume qui, eux, étaient restés stationnés à Malandji.

Les Bakuafi possèdent des grandes forêts et portions de terre à Kapaya autrefois Dinanga où ils ont mis beaucoup de temps. Jusqu’à présent, ils bénéficient de plusieurs droits issus de ces forêts et portions de terre occupées par les prêtres catholiques.

Le projet de l’installation du territoire a été débattu par les blancs qui envoyèrent les Pères Catholiques Yambayamba et Mafuta pour l’étude du milieu.

A leur arrivée, ils demandèrent aux ancêtres de Bakuafi et Bena Mbuluku de progresser un tout petit peu jusqu’à l’endroit où le territoire devait être installé.

A cette époque, ils considéraient l’espace qu’ils occupent actuellement comme une forêt où les Bakua Ngandu, les Bakua Mulume et eux-mêmes effectuaient leur chasse. A pied, ils mettaient trois heures du temps.
Ndambi, l’un de ces ancêtres précéda les autres. A son arrivée, il planta un morceau de bois signaler que l’endroit devint habitable afin que sa suite cherche, une fois arrivée, les mécanismes à y construire.

Dans le souci de préparer le site devant abriter le territoire, les blancs adressèrent, en 1924, une correspondance aux descendants de Kapinga Mulume (Les Bakua Diyaya) afin de rejoindre leurs frères (Bakuafi et Bena Mbuluku).

Ensemble, ces clans s’installèrent, en toute indépendance, chacun avec son chef, de la façon qu’ils occupent une importante partie de la commune rurale de Kazumba jusqu’aujourd’hui. (En provenance de Ndekesha :Dikasa, Lusamba, Kazumba, Kasanji, Kalamba Mbuluku)

En 1932, les Belges, colonisateurs de la République Démocratique du Congo décidèrent de regrouper un certain nombre de clans en chefferie. Mais avant de le faire, ils demandaient à ces clans de désigner leur « Branche Aînée » à qui le pouvoir et les insignes y relatifs dont la médaille devaient être confiés.

Pour ces quatre clans, la désignation de la « Branche Aînée » avait donné naissance à des disputes. Les Bakua Diyaya, descendants de Kapinga Mulume pourtant Benjamin de Kepi se réclamaient aînés en lieu et place de progénitures de Kombayi approuvés par d’autres clans.

Après plusieurs interventions et explications de Belges, tous les quatre Clans acceptèrent pour  » Branche Aînée », les Bakuafi, descendants de Kombayi.

Parmi ceux-ci, un aîné devait être encore sélectionné. Ancêtre Muyaya considéré comme aîné et déjà décédé avait laissé derrière lui deux enfants : Tshibola et Mafuta. Comme l’âge de ces derniers était incompatible avec le pouvoir en question, Kasanji Luyamba, neveux à leur père Muyaya a été choisi. Il reçut le pouvoir et les insignes nécessaires dont la médaille à condition de les remettre à ses cousins lorsqu’ils seraient à l’âge. Ceci se passe en 1932 à la stupéfaction du Chef de clan de Bakua Diyaya qui voulait que ce pouvoir lui soit confié.
Cependant, les originaires du territoire de Kazumba sont ceux issus de cette chefferie constituée des villages Kasanji, Kalamba Mbuluku, Kazumba, Lusamba et Dikasa, chapeautée par Kasanji.

En 1933, il y eut une dispute dénommée par les blancs : »Petite Guerre de Kazumba ». Les jeunes de Kazumba s’étaient rendus cueillir les fruits dont l’arbre se trouvait à côté du domicile de Kazumba, Chef de Clan Bakua Diyaya, domicile situé en face de l’endroit qui abrite actuellement le terrain de football, dit de la prison. Cette cueillette avait suscité des accrochages. Les Belges saisis de la situation, ils mirent les coupables en prison à Dekese.

Bref historique de la création du territoire de Kazumba

Chose promise, chose faite. En 1945, les blancs matérialisèrent leur projet de l’installation du territoire qu’ils denommèrent : « Territoire de la Miao ». Ce premier nom du territoire de Kazumba est tiré de la rivière Miao. Le premier administrateur de territoire, un belge, était Merkes.

En 1958, soit deux ans avant l’indépendance du pays, le nom du territoire changea de la Miao en Kazumba.

Ce changement est motivé par ce qu’à cette époque, le domicile du Chef de clan de Bakua Diyaya se trouvait à proximité de l’actuel bâtiment administratif du territoire. En investigations, les blancs ont demandé le nom du chef proche de ce building. Voilà pourquoi le territoire porte à ces jours, le nom de Kazumba, selon Jean-Paul Luyamba Mafuta, actuel chef de groupement de Bakua Kepi qui cite comme référence, le Mémoire de Licence élaboré par Donatien Balekelayi Beya, actuellement député national, élu de Kazumba.

En 1959, le Chef de Chefferie Kasanji Luyamba tomba malade. A l’hôpital suivant les soins appropriés, il désigna encore vivant pour successeur son cousin Édouard Tshibola, l’un de deux fils de son oncle Muyaya.
A cette époque, Monsieur Tshibola vivait à Bakua Ngandu. Il a été rappelé pour venir régner.

En 1988, le Chef Tshibola sentant déjà plusieurs fatigues, il désigna librement à sa succession Kasanji Muyaya Bitumba, fils aîné de son frère Mafuta.

En 2021, comme si c’était une coutume, le Chef Kasanji Muyaya Bitumba fatigué, désigne en toute quiétude l’actuel Jean-Paul Luyamba Mafuta à lui succéder à la tête de Bakua Kepi.

Historique de la Scission du groupement de Bakua Kepi

A l’époque du feu Joseph-Désiré Mobutu, deuxième président de la République Démocratique du Congo indépendante, le Chef Kalamba Muanangana était commissaire du district de Lulua.

En 1968, sous la médiation du Chef Kalamba Muanangana, Édouard Tshibola alors chef de Bakua Kepi accepta la scission pacifique de son groupement à Tshimbulu. D’où, la naissance du groupement de Bakua Diyaya qui, selon Jean-Paul Luyamba, est le premier groupement issu d’un autre en République Démocratique du Congo après le départ des Belges.

Raison pour laquelle, chef Kasanji Luyamba affirme que les Bakua Diyaya et les Bakua Kepi sont frères. C’est difficile de les séparer.

Reconnaissance Juridique du groupement de Bakua Kepi

En 1932, après le regroupement des populations, les Belges créaient les groupements sur base des P.V. Celui de Bakua Kepi est né du PV numéro 276 le 05 avril 1932.

Situation Géographique

A sa création, le groupement de Bakua Kepi est bornée :

Au nord par le groupement de Bakua Ntumba ;

  • Au sud par le groupement de Bakua Ntembu par le village Mpembu ;
  • A l’Est par le groupement de Bakua Ngandu par le village Kaditungulu ; et
  • A l’ouest par le groupement de Bena Mukangala.

Cette situation a progressivement connu de modification surtout avec la création du secteur de Miao en 1958.

Jean-Paul Luyamba Mafuta montre que les limites ont bougé au nord. Au lieu de la rivière Kabukondo, le groupement de Bakua Kepi situé dans le secteur de Miao se sépare actuellement de celui de Bakua Ntumba se trouvant dans le secteur de Musuasua par la rivière Lusoko.

Au sud tout comme à l’Est, rien n’a bougé tandis qu’à l’ouest, la scission de 1968 donne, selon ce chef de groupement, droit d’occupation au groupement de Bakua Diyaya qui devient groupement limitrophe de Bakua Kepi en lieu et place de Bena Mukangala comme autrefois.

Principes de partage du pouvoir chez les Bakua Kepi

Dans le groupement de Bakua Kepi, les Bakua Nduaya constituent le clan dirigeant qui est aussi formé par trois familles.

Selon Jean-Paul Luyamba Mafuta, le pouvoir de Bakua Kepi pacifique soit-il peut, selon le profil du futur successeur qui doit être rassembleur, suivre les modes de succession que voici : Du père au fils; Du père au neveu, Du frère au frère ou Du frère au cousin.

Possibles signes de reconnaissance de Bakua Kepi

Les Bakua Kepi peuvent, facilement, être reconnus par la prononciation de cette litanie des noms puissants ou de gloire en Tshiluba, langue vernaculaire :
« Mukua Kepi, Mpenge. Mujila Kasanga wa kua Kamuena Nsapu ne Mbondo. Mukuafia’ngole wa kua Bakenza Ngole, bisaka ; Tukunde benza bifulu bia ku mutu. Mukua Nduaya Mubinga wa ku Bana ba ku Bakuafi wa bakaluangana mvita mu nkunde ; Nkunde ne Monji biakatuka. Mukua Kepi Mukalenge, Katu wenda mushinga ; ciende cilema ncia ku masandi ».

Jean-Paul Luyamba Mafuta, chef Kasanji accentue que dans le temps jadis, les ancêtres de Bakua Kepi prenaient par foce les femmes d’autrui pour les leurs. C’était tellement rare de les voir s’intéresser au commerce. Toutefois, il atteste que c’est une communauté très hospitalière envers ceux qui s’approchent et veulent cohabiter avec elle malgré des petites disputes internes constatées les plus souvent entre ses membres eux-mêmes.

Quelques règles d’or de Bakua Kepi

Fidèles à leur origine (Bajila Kasanga), les Bakua Kepi ne mangent pas la viande de Pangolin (Nkaka).
Sur plan agricole, ils ne se rendent pas aux champs le vendredi. Une femme aux règles ne se rend pas à la forêt ou bien aux champs. Les hommes et femmes ne peuvent pas passer aux rapports sexuels dans la forêt de peur que la production agricole ne connaisse la baisse.
Au mois d’août, les femmes se réunissent pour proposer certaines amendes à payer par celles qui sont aux règles afin de consolider le taux de productivité agricole.

Toutefois, Jean-Paul Luyamba constate actuellement le non-respect de ces règles pointant du doigt les immigrés dans ce groupement qui respectent les coutumes de leurs origines.

Le réseau riverain du groupement de Bakua Kepi

Le réseau riverain de Bakua Kepi est constitué de ces rivières : Lusoko, une partie de Miao, Mpalanga, Tshibila, Kabumpamba, Buuji, Minowa, Mpembu, Lukula, kambua, Nkomongo et autres.

Les aliments préférés de Bakua Kepi

Les Bakua Kepi aiment bien consommer les poissons, les champignons et autres qui n’existent plus.

Isaac Mupoyi Tshimuenyi


En savoir plus sur Actu-Service

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Articles

Conçu par Actu-Online

En savoir plus sur Actu-Service

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture