RDC : L’Opposition et les forces sociales saluent prudemment l’Accord de paix avec le Rwanda

Dans une déclaration commune rendue publique vendredi 11 juillet à propos de la signature d’un Accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda, les forces politiques et sociales de la RDC ont salué l’initiative diplomatique, tout en exprimant de sérieuses réserves sur le contenu et la portée de l’accord.

Les signataires, regroupant des membres de l’opposition politique et de la société civile congolaise, ont pris acte de la signature officielle du texte par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Cet Accord, intervenu sous la médiation des États-Unis et notamment du Secrétaire d’État américain, est présenté comme un pas vers la décrispation des tensions récurrentes entre Kinshasa et Kigali.

Les auteurs du document pointent du doigt des causes essentiellement internes à la persistance de l’instabilité. Parmi celles-ci figurent la régression démocratique, les dérives autoritaires, les violations répétées des droits humains, les arrestations arbitraires, le tribalisme, la corruption systémique, le népotisme et le détournement des deniers publics. Une situation aggravée, selon eux, par une gestion centralisée et autoritaire du pouvoir.

Face à ce sombre tableau, le document appelle avec force à une prise en compte sérieuse de ces causes profondes, rappelant que sans un traitement adéquat, la crise congolaise demeurera un conflit sans fin, et que « la paix véritable et durable ne sera rien de plus qu’un mirage ».

Dans cette déclaration politique, des acteurs sociopolitiques congolais rejettent avec fermeté ce qu’ils qualifient de « dialogue faire-valoir » promu par le pouvoir en place. Selon eux, cette démarche vise à occulter les vrais enjeux de la crise actuelle, tout en tentant de ressusciter un projet avorté de « Gouvernement d’Union Nationale », jugé favorable aux intérêts exclusifs du régime au détriment du peuple congolais.

Les signataires de cette déclaration dénoncent une manœuvre du pouvoir pour imposer unilatéralement les conditions du dialogue, transformant ainsi un outil essentiel de sortie de crise en un simulacre dénué de crédibilité.

En réponse, ils réaffirment leur soutien au dialogue tel que conçu par les Évêques de la CENCO et de l’ECC : un processus inclusif, transparent et représentatif, fondé sur un agenda ouvert, sans tabous, portant exclusivement sur l’État de droit, la paix et la concorde nationale.

Cependant, dans leur déclaration, les forces congolaises s’accordent à reconnaître le caractère « partiel » et « insuffisant » de cet accord. Elles pointent notamment du doigt sa tendance à réduire la crise à une simple opposition bilatérale entre les deux États, occultant le rôle et l’influence d’acteurs régionaux et internationaux, ainsi que la complexité intrinsèque de la guerre à l’Est.

« Ce texte, aussi louable soit-il, ne prend pas suffisamment en compte la dimension interne de la crise congolaise, ni les souffrances prolongées de nos populations de l’Est », indiquent les signataires. Ils appellent dès lors à un cadre élargi de résolution, intégrant les préoccupations locales, la justice transitionnelle, la sécurité communautaire et la lutte contre l’impunité.

Les forces signataires n’ont pas manqué de souligner les efforts continus de la communauté internationale — notamment ceux des Nations Unies, de l’Union Africaine, de la SADC, de l’EAC, du Qatar et des États-Unis — dans la facilitation du dialogue. Néanmoins, ils préviennent : sans un engagement soutenu des institutions nationales et des communautés locales, aucune paix durable ne saurait être consolidée.

Le document salue également la Résolution H. RES. 559, introduite à la Chambre des Représentants des États-Unis d’Amérique, qui appelle au respect de la Constitution congolaise, à la limitation des mandats et à un dialogue national inclusif, sous la conduite d’acteurs impartiaux comme la CENCO et l’ECC.

Enfin, une mise en garde est formulée à l’encontre des manœuvres du pouvoir en place, accusé de saper l’indépendance des facilitateurs et de torpiller la portée inclusive et complète du dialogue attendu.

Parmi les signataires figurent :

  • Pour Ensemble pour la République : Olivier Kamitatu, Porte-parole de Moïse Katumbi Chapwe
  • Pour le Mouvement radical pour le changement (MRC) : Franck Diongo, le Coordonnateur Général
  • Pour Envol : Rodrigue Ramazani Bekola, secrétaire général
  • Pour ABA/MPCR : Jean Claude Vuemba, Président
  • Pour Le Front Commun pour le Congo (FCC) : Raymond Tshibanda Ntungamulongo, Président de la Cellule de Crise
  • Pour Filimbi : Palmer Kabeya Tshishimbi
  • Pour le Cadre de concertation des forces politiques et sociales : Claudel André Lubaya, Président de UDEAO
  • Pour le Forum Citoyen : Martin Milolo
  • Seth Kikuni Masudi, Président de PISTE pour l’Émergence
  • Pour la Convention de la Société civile citoyenne : Jean Jacques Lumumba

Cet appel résonne comme un rappel à l’ordre politique, mais surtout comme un cri du cœur lancé par des Congolais qui veulent croire encore à l’avènement d’une République véritablement démocratique, solidaire et apaisée.

FK – Actu-Service


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