La ville de Kananga a été le théâtre, hier vendredi, d’un événement capital pour l’avenir de la justice réparatrice en République démocratique du Congo : la clôture de la formation intensive des enquêteurs du Fonds national des réparations en faveur des victimes (FONAREV). Initiée le 17 mai dernier dans la salle du barreau, cette session de renforcement des capacités marque une avancée significative dans la concrétisation du mandat du FONAREV, qui vise à identifier, documenter et, in fine, réparer les préjudices subis par les millions de victimes des atrocités commises sur le territoire national.
La cérémonie de clôture a été l’occasion pour Maître Mhyrhand Mulumba, Coordonnateur Régional du FONAREV pour le Grand Kasaï, de dresser un bilan positif de la formation et de projeter les prochaines étapes de cette mission cruciale.
Bilan de la formation et prochaines étapes stratégiques, selon Maître Mhyrhand Mulumba
Maître Mulumba a exprimé sa satisfaction quant au déroulement et à la qualité de la formation. Il a rappelé l’importance des modules théoriques et surtout des sessions pratiques qui ont permis aux enquêteurs d’acquérir les compétences techniques nécessaires pour mener à bien leur mission sur le terrain. La formation a notamment insisté sur : la qualification précise des faits basée sur les récits des victimes, une étape essentielle pour une catégorisation juridique rigoureuse des préjudices; la maîtrise des outils numériques pour la collecte standardisée et sécurisée des données, garantissant la fiabilité et la traçabilité des informations recueillies; la gestion des cas pratiques des récits, préparant les enquêteurs aux réalités complexes et souvent émotionnellement difficiles des entretiens avec les victimes.

Abordant les perspectives post-formation, Maître Mhyrhand Mulumba a articulé les prochaines étapes avec une clarté stratégique : lancement d’une autre formation à Tshikapa le lundi; suivi d’un autre lancement à Mbuji-Mayi le mercredi; déploiement imminent sur le terrain, sensibilisation des communautés; coordination avec les acteurs locaux…
La voix des participants : entre espoir et responsabilité
La clôture de cette formation a également été l’occasion de recueillir les impressions des participants, qui se sont exprimés avec un mélange d’enthousiasme, de détermination et de conscience de l’immense responsabilité qui leur incombe.

- Roger Lukanyi : «Cette formation a été une révélation. Nous ne sommes pas seulement des techniciens de la collecte de données, mais les premiers maillons d’une chaîne de justice. Nous avons appris à écouter au-delà des mots, à déceler la souffrance et à comprendre l’impact des crimes. C’est une mission humaine avant tout, et nous sommes prêts à la relever». Il a souligné l’importance de l’approche empathique et le professionnalisme exigé.

- Maître Alexandre Tshiama Mamba : «Le volet pratique était particulièrement instructif. Les simulations nous ont confrontés aux défis réels du terrain : comment établir la confiance, comment qualifier un fait avec précision tout en respectant le récit de la victime, comment gérer les situations émotionnelles. Nous repartons avec des compétences solides et une motivation intacte. C’est un honneur de contribuer à cette cause nationale». Cette participante a mis en avant l’aspect pratique et l’honneur de la mission.

- Marcel Masanka : «Nous sommes conscients de l’attente immense des victimes. Cette formation nous donne les outils pour transformer cette attente en une réalité de justice. Le FONAREV est un espoir concret pour des millions de Congolais, et nous nous engageons à mener nos enquêtes avec la plus grande rigueur et intégrité. Nous savons que la crédibilité de tout le processus dépendra de notre travail de base». La conscience de l’enjeu et l’engagement envers la crédibilité ont été mis en exergue.
Un jalon pour la justice réparatrice en RDC
La clôture de cette formation à Kananga n’est pas qu’une simple formalité administrative ; elle constitue un jalon fondamental dans le long cheminement de la République démocratique du Congo vers la justice réparatrice. En investissant dans la formation de ses enquêteurs, le FONAREV démontre sa détermination à professionnaliser son approche et à garantir que le processus d’identification des victimes soit mené avec la plus grande rigueur et sensibilité.
Les défis qui attendent ces enquêteurs sur le terrain sont immenses et complexes, allant de la logistique dans des zones parfois difficiles d’accès, à la gestion des traumatismes des victimes et des sensibilités communautaires. Cependant, la motivation et les compétences acquises lors de cette formation laissent entrevoir la possibilité d’une avancée significative dans la reconnaissance et la réparation des préjudices, offrant un espoir tangible aux millions de Congolais qui aspirent depuis trop longtemps à la justice et à la dignité. Le succès du FONAREV, à travers le travail acharné de ces enquêteurs, sera une contribution majeure à la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale.
Félix Mulumba





















































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